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Bérénice Tarcher

L'excommunication, la peur d'être seul sur Terre


Chapelle du château de Chaumont-sur-Loire, œuvre réalisée par Gerda Steiner et Jorg Lenz Linger (feuilles et fleurs séchés du domaine) ©ValentinVidegrain

Il fut un temps la peur d’être excommunié était au cœur des préoccupations de chacun.


Le terme « excommunier » apparaît vers 1120 et provient du latin excommunicare se traduisant par mettre en dehors de la communauté religieuse. De nos jours, le terme désigne l’exclusion d’un membre d’une communauté chrétienne. C’est avant tout une sanction pénale appliquée par l’Eglise afin de punir un membre de la communauté. Elle n’est effectuée que pour motif grave.


Le drame d’une vie

Il faut se replacer dans le contexte de nos ancêtres. La religion chrétienne est plus que majoritaire, tout le monde va à l’Eglise croit en l’existence de Dieu, du Paradis et des Enfers. L’Eglise est considérée comme la maison de Dieu sur Terre et tout bon chrétien est prié d’y aller régulièrement. Il est également important de rappeler que durant des siècles la religion est vue comme le seul moyen d’aspirer à une meilleure vie. A une époque où famine, guerres, maladies, mauvaises récoltes sont monnaies courantes, avoir une vie pieuse permet d’accepter plus facilement sa condition. L’église a donc une emprise très importante sur les populations et son arme ultime est l’excommunication, afin de bannir les mauvais pécheurs et garantir l’unité de la communauté. Ainsi la personne ne peut plus rentrer dans l’église, communier et recevoir les sacrements. C’est une interdiction pure et simple de participer aux étapes de la vie chrétienne.


Par exemple, vous êtes excommunié automatiquement si vous êtes considéré comme :

- un hérétique (celui qui professe ou soutient des opinions contraires à la chrétienté)

- un apostat (celui qui abandonne volontairement et publiquement sa religion)

- schismatique (celui qui ne reconnait pas le Saint-Siège)

- Un assassin ou un violeur

- Une femme faisant preuve d’adultère ou ayant avorté

- Remarié sans avoir eu autorisation de l’église

- N’ayant pas fait baptiser son enfant


La liste des péchés est longue et les sanctions ont lieu jusqu’au XXe siècle. Une fois la sentence prononcée, il est interdit pour l’excommunier de pénétrer dans une église et d’avoir une sépulture.


Une mort lente...

Faisons simple : Pas de sépulture = pas de paradis = damnation pour l’éternité


Imaginez l’angoisse, vous êtes carrément banni de la société, votre famille ne vous reconnais plus et vous êtes voué à errer seul dans un monde en proie au mal et au démon. L’Eglise n’hésite pas à délivrer un discours accès sur la fin des temps (eschatologique) de manière à attirer toujours plus de fidèle. Le sort du banni est comparable à un exil dans son propre pays, c’est une condamnation à une mort lente et solitaire car les fidèles ont interdiction de parler, commercer, héberger, faire travailler ou offrir sa protection au paria. Celui-ci doit vivre alors dans la clandestinité et mendier pour survivre.


Regagner la communauté

L’excommunication n’est pas définitive ainsi l’Eglise vous laisse la possibilité de racheter vos fautes en faisant preuve de pénitence et recevoir l’absolution. La personne doit alors passer un examen de conscience et prouver sa dévotion.


Ainsi la peur d’être seul sur Terre comme au Ciel était présente dans tous les esprits. Impossible pour eux de s’imaginer vivre seul livré à soi-même. Cela explique la présence de petites chapelles ou oratoire privé dans les châteaux de nos jours.


Que vous soyez riche ou pauvre face au seigneur, vous étiez logés à la même enseigne.


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A bientôt,

Bérénice Tarcher ✨


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